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YOANN PENARD
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Commande publique / Place Princeteau / Libourne 2021

Commande publique / Place Princeteau / Libourne 2021

 

H2O

Sculpture / Fontaine

Place René Princeteau / Libourne

Juin 2021

 

Le processus de réalisation d’une sculpture-fontaine pour la place Princeteau demanda plusieurs temps de réflexion.

En premier lieu, il fallu s’imprégner de l’oeuvre de René Princeteau, peintre animalier et figure locale de la fin du 19ème, connu pour ces peintures équestres et scènes de vie rurales.

En  tant qu’artiste, je me  suis d’abord posé la question de cet héritage : comment occuper cet espace portant le nom d’un autre artiste, et comment hériter de cette mémoire sans tomber dans son illustration ?

Parallèlement, quel sentiment Princeteau faisait-il résonner en moi ? Quel était mon ressenti d’artiste animé par des préoccupations contemporaines face à cet héritage ?

La vie sur les bords de la même rivière à 138 ans d’écart a rendu évident, malgré nos différences artistiques, une préoccupation commune : celle de notre intérêt envers notre environnement.

Afin d’accueillir et de porter cette transmission, j’ai choisi comme point de départ une tête de cheval, comme figure principale de l’oeuvre de Princeteau. La représentation du corps humain et la présence de l’eau associées proposent une lecture plus contemporaine cherchant ainsi à dépasser le simple hommage.

L’eau constitue à mon sens un des principaux attributs de la Libourne telle une ville du fleuve, une ville de confluence, une ville  tournée vers l’eau. L’eau de cette fontaine au delà de son attribution première, renvoie à mes yeux, de manière évidente à  ce qui malheureusement rythme notre actualité environnementale.

En effet, l’eau n’a jamais été autant au cœur de nos préoccupations : disparition de la calotte glacière, montée du niveau des océans, altération des grand courants océaniques, pénurie des ressources en eau potable, pollution…Face à l’urgence écologique, notre génération doit faire face à l’un des plus grand défis que l’humanité n’ait jamais eu à relever. La présence de l’eau dans cette composition porte donc aussi ce sens.

De cette préoccupation et de mon attrait pour la création de chocs visuels comme proposition génératrice de l’oeuvre , faire jaillir de l’eau par la jonction entre la tête du cheval et le corps du protagoniste m’a semblé évidente en ce qu’elle souligne l’interdépendance des ressources à l’ensemble du monde vivant

L’eau ruisselle le long du corps jusqu’aux pieds placés dans une vasque craquelé qui lui sert de réceptacle. L’aspect craquelé de la vasque illustre l’aridité qui frappe certaines parties du globe et l’eau s’écoulant sans fin, le gaspillage qui est fait dans d’autres régions. Afin de ne pas rompre avec ce discours, ici, la fontaine est alimentée par une cuve de récupération d’eau de pluie reliée aux toitures voisines.

La petite cuillère posée au sol interpelle le spectateur et l’invite à interpréter son utilisation. Elle cherche à l’amener au constat du peu d’eau à recueillir au fond de la vasque et sa raréfaction  Elle renforce ainsi la question de la gestion des ressources tout en orientant la réflexion vers notre relation boulimique et anthropocentrique à notre environnement.

En jouant avec l’homme dans la vasque et la taille de la cuillère, cette sculpture veut faire écho dans l’imaginaire du spectateur aux univers oniriques de la culture populaire explorée dans les voyages de Gulliver de Jonathan Swift.

Dans son dernier périple, Gulliver découvre une civilisation de chevaux, beaux et intelligents arrivés au sommet de la raison et de la sagesse, qui sont les maîtres d’animaux d’aspect répugnant au comportement misérable, qui se révèlent, au grand désespoir de Gulliver, être des humains.

L’homme sans tête qui se coiffe d’une tête de cheval devient alors un appel à plus de sagesse et de conscience de notre environnement.

Au delà du concept à l’initiative de la réalisation de l’œuvre, cette vision surréaliste dans l’espace publique met en présence différents éléments ludiques qui invite les spectateurs, sans limite d’âge, à se questionner, à participer à la recherche de son sens, pour se l’approprier.

 

Des grands remerciements à l'agence d'urbanisme Rouge Bordeaux initiatrice de ce projet , à Typhaine Giry et toute son équipe / Culture ville de Libourne, ainsi qu'à la Fonderie des Cyclopes pour leur magnifique travail et leur aide précieuse.

Ci dessous quelques photos de la réalisation en Fonderie: